« Le cataclysme du Covid-19 doit servir de catalyseur pour redéfinir notre politique du grand âge » – Le Monde

Tribune. L’épidémie de Covid-19 a trop bien montré les faiblesses de notre système de santé. Insuffisance de moyens dans des hôpitaux « mis à l’os » après des années de diète, insuffisance de stocks sur les produits cruciaux, sous dotation en lits de réanimation que l’on avait déjà constatée à certaines périodes de l’année…

Le système de santé a tenu grâce au confinement, mais surtout grâce à l’engagement massif des personnels soignants qui ont réorganisé l’hôpital en un temps record en reprenant la main, ce qui n’était plus le cas depuis longtemps. Ils ont trouvé naturellement, en professionnels de terrain, les moyens de créer des places de réanimation, de transformer des services de chirurgie en service de médecine, obligeant pour une fois, l’intendance à suivre et à ne pas diriger.

Un des « boulets »

Cette belle réussite est ternie par une ombre au tableau : le sort réservé aux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad) et à nos anciens qui ont payé un lourd tribut à l’épidémie, puisque selon Santé publique France la moitié des décès recensés en France ont eu lieu en Ehpad.

Nombre d’entre eux n’ont pas bénéficié d’une hospitalisation qui était pourtant indiquée, car qui peut nier qu’ils auraient alors bénéficié d’une meilleure prise en charge, notamment en contexte palliatif ? Nous aurions dû pouvoir recevoir ces patients ! Le cataclysme du Covid-19 doit servir de catalyseur pour redéfinir notre politique du grand âge.

La problématique de la gériatrie recoupe celle des urgences. Aucun politique n’a trouvé de solutions aux problèmes connus depuis des lustres et c’est une source récurrente d’indignation convenue ne débouchant sur aucun changement. Les malades de gériatrie sont devenus un des « boulets » des services d’urgence, au même titre que les malades de psychiatrie ou les SDF dont on se défait plus facilement.

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Pour y éviter l’accumulation de patients âgés, on devrait pouvoir faire ces admissions directes réclamées par nos tutelles sans qu’elles nous en donnent les moyens car irréalisables faute de lits. Lits, déjà pris par les malades que nous confient les urgentistes bien contents de vider leurs couloirs.

Il faudrait donc accepter de laisser des lits disponibles pour des admissions sur appel téléphonique, ce qui serait contraire à la tarification à l’activité (T2A) dont les dogmes sont taux de remplissage, durée moyenne et valorisation des séjours. Ces lits de gériatrie aiguë qui resteraient vides, sont inenvisageables dans un système de santé qui ne fait que réduire la voilure pour développer l’ambulatoire.

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