Covid-19 : l’hôpital aborde la décrue en réanimation avec une grande prudence – Le Monde

Dans le service de réanimation de l’hôpital de Valenciennes (Nord), le 22 avril.

« On est plus serein maintenant que le pic est passé, la descente a commencé, se réjouit Vincent Piriou, chef de réanimation à l’hôpital Lyon-Sud, où plusieurs des 62 lits ouverts – contre 27 en temps normal – sont restés vides ces derniers jours. C’est quand même beaucoup moins stressant que la montée où l’on ne sait jamais où ça va s’arrêter… » Il n’empêche, l’équation n’est pas simple pour l’hôpital, alors que la décrue paraît, enfin, clairement enclenchée partout en France, après plusieurs semaines de stagnation, avec 4 971 malades du Covid-19 dans les services de soins critiques au 9 mai, contre 6 001 au plus haut de la troisième vague, le 27 avril.

Il ne faut pas aller trop vite dans la réorganisation, ni trop doucement, entend-on chez les médecins, confrontés à un dilemme un peu différent de celui des précédentes sorties de crise. Refermer trop tôt les lits supplémentaires consacrés au Covid-19, c’est prendre le risque d’être débordé en cas de rebond de l’épidémie, mais aller trop lentement retarde encore la reprise de l’activité déprogrammée ces derniers mois pour les opérations des autres patients.

Avec ceci de particulier que ce troisième reflux est placé sous le signe de l’incertitude. Jusqu’où le nombre de malades descendra-t-il, et à quel rythme ? S’arrêtera-t-il à un plateau ? Quelles seront les conséquences des différentes étapes du déconfinement, enclenché alors que les patients Covid sont bien plus nombreux dans les hôpitaux qu’à la sortie de la première ou de la deuxième vague ? Les effets de la vaccination et du beau temps suffiront-ils à éviter un rebond ?

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Dans les régions touchées de plein fouet par cette troisième vague, la prudence est donc de mise. « A Lyon-Sud, on a commencé timidement à geler cinq lits », explique le professeur Piriou. Lorsqu’un lit est vide, le service attend ainsi quarante-huit heures en maintenant le personnel pour l’utiliser de nouveau si nécessaire. Dix lits ont, finalement, pu être refermés la semaine dernière. « Mais la baisse ne va pas aller aussi vite qu’on pourrait [le] croire, précise-t-il. On garde les patients un peu plus longtemps pour les faire sortir dans de meilleures conditions, qu’ils soient mieux stabilisés. » Des sorties qui avaient été accélérées au maximum alors que l’épidémie flambait.

« Bien trop tôt pour désarmer quoi que ce soit »

« La décroissance s’accélère », assure Jean-Yves Grall, patron de l’agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes. Les 862 patients en réanimation au pic dans la région (dont 65 % souffrant du Covid-19) le 20 avril sont redescendus à 802 patients, au 7 mai (58 % atteints du Covid-19). « Mais nous sommes dans une approche très prudente, ce n’est pas “on-off”, c’est un savant dosage dans lequel nous diminuons progressivement les capacités de réanimation, avec un maintien des personnels mis à disposition [par d’autres établissements et services] tant qu’on a besoin d’eux. » La déprogrammation massive de l’activité chirurgicale pour les autres patients, décrétée le 6 avril, a déjà été abaissée d’un cran à un palier d’environ 50 % et doit tendre vers les 20 % dans la semaine qui vient.

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