L’hydroxychloroquine n’est plus autorisée en France pour traiter le Covid-19 – Le Monde

Le gouvernement a abrogé, mercredi 27 mai, dans un décret publié au Journal officiel, les dispositions dérogatoires autorisant la prescription de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19 à l’hôpital en France, hors essais cliniques, à la suite d’un avis défavorable du Haut Conseil de la santé publique.

Depuis fin mars, l’hydroxychloroquine pouvait être prescrite à titre dérogatoire en l’absence d’autre traitement, à titre compassionnel ou dans le cadre d’essais cliniques « sous la responsabilité d’un médecin, aux patients atteints de Covid-19, dans les établissements de santé qui les prennent en charge, ainsi que, pour la poursuite de leur traitement si leur état le permet et sur autorisation du prescripteur initial, à domicile », selon un premier décret datant du mois de mars. Le nouveau décret annule cette disposition, qui concernait aussi l’association d’antiviraux lopinavir/ritonavir.

« Que ce soit en ville ou à l’hôpital, cette molécule ne doit pas être prescrite pour les patients atteints de Covid-19 », a réagi le ministère de la santé dans un communiqué.

Le contexte : Pourquoi la France a choisi de suspendre l’hydroxychloroquine

Les espoirs portés sur ce médicament, dérivé de la chloroquine, un antipaludéen, avaient notamment été portés publiquement par l’infectiologue Didier Raoult, directeur de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de Marseille (IHU). Les présidents brésilien et américain en avaient également vanté les mérites du traitement. Donald Trump avait même annoncé, le 18 mai, qu’il en prenait à titre personnel.

Un risque plus élevé de mortalité

Mais, depuis, des études ont fait preuve de beaucoup plus de circonspection. La parution vendredi, dans la revue médicale The Lancet, d’une étude pointant son inefficacité et les risques entraînés par ce médicament a précipité son interdiction en France. Mardi, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) et l’Agence du médicament (ANSM) se sont prononcés contre son utilisation pour traiter le Covid-19.

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Concernant les essais cliniques destinés à évaluer son efficacité et sa sûreté d’utilisation face au SARS-CoV-19, le HCSP est d’avis « de réévaluer le rapport bénéfice/risque de ce médicament dans les essais en cours et à venir ». L’ANSM, elle, a suivi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et « souhaite suspendre par précaution les essais cliniques évaluant l’hydroxychloroquine dans la prise en charge des patients ».

L’essai européen Discovery, qui teste l’efficacité de plusieurs traitements contre le Covid-19, a « suspendu depuis dimanche » l’inclusion de nouveaux patients dans le groupe recevant de l’hydroxychloroquine, a indiqué mercredi l’institut de recherche Inserm, qui coordonne cette étude.

La liberté de prescription des médecins demeure

Le médicament, commercialisé sous le nom de Plaquénil en France, fait partie des nombreux traitements testés depuis le début de l’épidémie. Il est par ailleurs prescrit pour lutter contre des maladies auto-immunes, le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde.

L’IHU Méditerranée Infection de Marseille « continuera à traiter [ses] patients avec les traitements les plus adaptés », a réagi mercredi, auprès de l’Agence France-Presse, l’institut dirigé par le professeur Didier Raoult. L’abrogation de l’autorisation n’entame pas la liberté de prescription des médecins, et un praticien hospitalier peut toujours prescrire et administrer un médicament hors-AMM (autorisation de mise sur le marché).

Le Monde avec AFP

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