Covid-19 : une faille dans la méthode pour recenser les nouveaux cas de contamination – Le Monde

Des personnes attendent de se faire dépister dans un centre de test mobile installé sur la plage de Pentrez (Finistère), le 12 août.

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, c’est l’une des données brandies par les autorités de santé pour témoigner d’une dégradation de la situation sanitaire : l’incidence, c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas rapporté à la population. Ces derniers jours, ce voyant est passé à l’orange, voire au rouge, dans certains départements.

Dans la capitale, le taux d’incidence a ainsi franchi, en début de semaine, le seuil d’alerte fixé à 50 pour 100 000 habitants (62,1 au 12 août), ce qui n’avait pas été observé depuis le déconfinement. Les Bouches-du-Rhône s’en approchent (47,3). Viennent ensuite la Seine-Saint-Denis (34,2), les Hauts-de-Seine (32,8), le Val-de-Marne (32,5) et la Sarthe (32,1). La Mayenne, dont le taux avait grimpé mi-juillet à 50,76, est depuis redescendue sous des latitudes moins alarmantes (27,2).

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Sauf qu’il y a un hic. Comme le relevait Le Parisien, le 11 août, dans son dernier point épidémiologique publié le 6 août, Santé publique France (SPF) glisse une précision loin d’être anodine en toute fin de bulletin. « En cette période de vacances, les taux d’incidence par département et région de résidence ne reflètent pas que la transmission dans le département ou la région de résidence, écrit l’agence. En effet, les personnes en vacances hors de leur département et qui acquièrent l’infection dans leur lieu de vacances sont comptabilisées dans la base Sidep [le fichier de suivi national où sont consignés les résultats des tests par les laboratoires de biologie médicale] selon leur commune de résidence habituelle. »

« Compliqué et chronophage »

Pour le dire autrement, si le test effectué par un Altoséquanais en vacances dans le Finistère ou dans le Calvados est positif, son cas sera donc comptabilisé dans le département des Hauts-de-Seine. SPF reconnaît que les hausses enregistrées peuvent par conséquent être parfois gonflées artificiellement : « Pour les régions avec de fortes progressions, comme l’Ile-de-France, une part de cette progression est certainement imputable à une transmission en zone de vacances, concède SPF. Une analyse selon le laboratoire de réalisation du test permettra d’appréhender plus finement le lieu de contamination en cette période estivale », sans donner d’échéance à laquelle ces données affinées seront disponibles.

Le président du Syndicat national des biologistes, François Blanchecotte, convient que la méthode utilisée est imparfaite. « Effectivement, on ne peut renseigner pour l’instant qu’une seule adresse dans Sidep. Il y a bien eu un débat pour pouvoir entrer deux adresses, mais c’était extrêmement compliqué pour nous à mettre en place, et chronophage, justifie-t-il. C’est encore en discussion, mais comme tous les gens vont revenir de congés, je pense qu’on ne le fera pas. »

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