Covid-19 chez les jeunes : «Il faut rendre obligatoire le dépistage des 15-40 ans» – Le Parisien

Djillali Annane est médecin, il est aussi papa. Pour lui, pas question de cibler le comportement des jeunes, mais de « leur permettre de connaître leur statut Covid ». Le chef de la réanimation de l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine) – où le nombre d’hospitalisations augmente – prône des tests systématiques pour les 15-40 ans. Seule solution selon lui pour que le virus actif dans cette tranche d’âge, ne se répande pas chez les plus âgés à la rentrée.

On a beaucoup dit que la population à risque, ce n’était pas les jeunes…

DJILLALI ANNANE. Je m’en mords les doigts! On a trop martelé qu’ils ne craignaient rien. De bonne foi, certains nous disent aujourd’hui « mais on m’a dit que… » On paie cette mauvaise communication. Il aurait fallu être clair : vous avez peu de risque de développer une forme grave, mais une forte probabilité d’être porteur du virus sans le savoir et de le transmettre. Ne pas se sentir malade ne veut pas dire que l’on n’est pas contagieux.

Ce n’est donc que pour les autres, pas pour eux ?

Le risque numéro 1 pour eux reste d’envoyer quelqu’un – un parent, un grand-parent, un collègue – en réanimation. Mais le virus ne les épargne pas totalement pour autant. Dans mon service, une jeune femme de 19 ans est décédée du Covid.

Que faire ?

Déjà, ne pas les pointer du doigt parce qu’ ils profitent légitimement de leur été. Il faut trouver ensemble un moyen pour que les 15-40 ans ne transmettent pas le virus qui circule abondamment chez eux. Cela passe par la connaissance de leur statut Covid. Ma proposition : un dépistage systématique, obligatoire et gratuit par test PCR dans cette tranche d’âge. Cela doit se faire avant la rentrée, c’est-à-dire avant la reprise du lycée, de l’université, du travail…

En pratique, c’est faisable ?

Oui, si on va vers eux, y compris sur les lieux de villégiature avant de s’entasser dans les trains du retour et sur les aires d’autoroute. Des points mobiles de dépistages doivent être installés dans les gares, sur les plages, et même dans des bars. Cela ne peut marcher qu’avec un relais fort de l’importance des tests. La parole d’un médecin de 57 ans comme moi n’a pas d’impact sur eux. Mais si Mbappé le poste sur ses réseaux, là ça peut marcher. Les leaders d’opinion de la jeunesse ont un grand rôle à jouer.

Pourquoi ne pas attendre la rentrée ?

Parce que nous sommes proches du point d’inflexion. Nous avons quinze jours pour renverser la courbe très préoccupante avant que la situation ne devienne incontrôlable. La priorité est de tout mettre en œuvre pour que le virus actif chez les moins de 40 ans ne se répande pas dans la tranche d’âge supérieure. Sinon, on va multiplier par dix, par cent le nombre de cas graves. Le gouvernement doit donner un cadrage national et en finir avec ses contradictions.

A quoi pensez-vous ?

La jauge des 5000 personnes pour les rassemblements brouille le message. Il faut des mesures plus strictes, plus cohérentes avec ce que l’on demande à la population. On doit mettre toutes les chances de notre côté. Contrairement à mars, nous n’avons plus d’excuses. Maintenant, on sait.

Source

Share your thoughts