Covid-19 : la stratégie suédoise remise en cause – Le Monde

Devant la station de métro Odenplan à Stockholm, le 4 mai.

L’interview avec le roi sera diffusée le 21 décembre. Mais jeudi, les médias du royaume rapportaient déjà les mots de Carl XVI Gustaf à propos de la pandémie : « J’estime que nous avons échoué. » Deux jours plus tôt, la commission « corona », nommée par le gouvernement pour évaluer la gestion de la crise sanitaire dans le royaume, avait livré ses premières conclusions. Verdict : « La stratégie consistant à protéger les plus âgés a échoué », estiment les huit experts désignés en juin.

C’était pourtant l’objectif principal, fixé par les autorités sanitaires et le gouvernement au printemps, en plus d’éviter la saturation des services hospitaliers. La Suède s’était alors illustrée sur la scène internationale, en misant sur les recommandations, plutôt que le confinement, s’autorisant un certain niveau de circulation du virus au sein de la société, jugé préférable, pour les hôpitaux, à condition que les plus vulnérables soient protégés.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Face au Covid-19, la Suède à visage découvert

Or, si la commission liste les innombrables dysfonctionnements structurels, qui expliquent pourquoi 7 000 personnes de plus de 70 ans ont succombé au Covid-19 jusqu’à présent (sur 7 800 morts), les experts estiment aussi que « la propagation générale du virus dans la société » a été l’un des facteurs à l’origine de la mortalité élevée des personnes âgées.

Le gouvernement « principalement responsable »

Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques, publié le 19 novembre, il a fallu 58 jours au royaume scandinave, au printemps, pour faire passer le nombre R de reproduction des cas en dessous de 1, soit un record en Europe où la moyenne était de 34 jours.

Le 24 novembre, l’inspection des services médicaux et sociaux (IVO) avait déjà épinglé les régions, chargées de la santé, pour leur gestion catastrophique de la pandémie dans les Ehpad. La commission considère, pour sa part, que le gouvernement dirigé par le social-démocrate Stefan Löfven est « principalement responsable » de la situation.

Toutefois, la Folkhälsomyndigheten (l’agence de la santé publique) en prend aussi pour son grade. La commission constate que, « même si les scientifiques savaient que les personnes asymptomatiques pouvaient contaminer, l’information n’a pas été communiquée par l’agence, ni prise en compte dans les services de soin aux personnes âgées ».

Depuis quelques semaines, la presse du royaume fait état de tensions entre le gouvernement et l’agence – plus précisément, son chef épidémiologiste, Anders Tegnell, architecte de la stratégie suédoise. Il lui est reproché d’avoir sous-estimé le risque d’une seconde vague. Jusqu’à la mi-octobre, M. Tegnell semblait convaincu qu’une certaine immunité de la population et les recommandations suffiraient à épargner le pays.

Il vous reste 54.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

Share your thoughts