Covid-19 : ce que l’on sait sur le nouveau variant apparu au Brésil – Les Échos

Publié le 15 janv. 2021 à 16:17

L’organisation mondiale de la santé évoque « un variant inquiétant » dans l’épidémie mondiale de Covid-19 . Découvert au Japon le 2 janvier chez quatre voyageurs en provenance de l’Etat d’Amazonas, au Brésil, le nouveau variant brésilien doit encore être étudié de plus près pour évaluer sa dangerosité.

Pour l’instant, ce nouveau variant n’a pas été identifié dans le reste du monde. Par précaution, le Royaume-Uni a d’ores et déjà interdit les arrivées d’Amérique du Sud et du Portugal sur son territoire. Le ministre des Transports, Grant Shapps, a expliqué sa décision par « des preuves concernant un nouveau variant au Brésil » et a justifié l’appliquer au Portugal en raison de « ses liaisons importantes avec le Brésil ».

« Plus le Covid-19 se répand, plus il y a de chance qu’il évolue encore. À noter que la transmissibilité de certains variants du virus semble augmenter », alerte le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Pour le moment, il n’y a aucune preuve montrant que le nouveau variant découvert chez ces passagers en provenance du Brésil soit plus contagieux », a toutefois tenté de rassurer Takaji Wakita, le directeur de l’Institut national des maladies infectieuses japonais.

· L’Etat dont il est originaire connaît une recrudescence de cas

Le variant semble particulièrement actif au Brésil dans l’Etat d’Amazonas, d’où sont originaires les quatre voyageurs repérés au Japon. « L’analyse des échantillons de novembre montre qu’il serait présent dans 50 % des cas de Covid-19 dans cet Etat. Quand nous aurons fini le séquençage de décembre, cette proportion devrait augmenter », détaille à l’AFP Felipe Naveca, un chercheur qui étudie les mutations observées dans le nord du Brésil.

Le taux de mortalité, de 143 pour 100.000 patients, y est également plus élevé que la moyenne nationale qui est, elle, de 98 décès pour 100.000 patients. L’Amazonas a été contraint d’instaurer ce jeudi un couvre-feu de dix jours, afin de soulager les hôpitaux saturés. Une situation qui « n’est pas seulement due au nouveau variant », nuance Felipe Naveca. « Nous avons observé une forte augmentation des cas à cause des fêtes de fin d’année et nous sommes à une saison où d’autres virus qui transmettent des maladies respiratoires circulent beaucoup chaque année », précise-t-il.

· Comme son cousin britannique, un variant plus contagieux

L’inquiétude qu’il suscite auprès des autorités de santé et des gouvernements est principalement liée aux douze mutations observées sur le variant brésilien. Deux d’entre elles ont déjà été identifiées par le passé, l’une sur le variant sud-africain , l’autre sur le variant britannique .

Elles pourraient notamment être responsables de la capacité du variant à se propager plus rapidement. « Ce n’est pas encore sûr, mais c’est fort possible, parce qu’on a observé de nombreuses mutations au niveau de la protéine Spike (la pointe qui lui permet de pénétrer dans les cellules), qui ont déjà été associées à ce plus grand potentiel de transmission du virus », souligne Felipe Naveca.

· L’efficacité des vaccins en question

La mutation baptisée « E484K », qui a déjà été observée sur le variant sud-africain, inquiète particulièrement les scientifiques. Elle est en effet soupçonnée d’agir sur la réponse immunitaire face au virus, et ainsi d’ amoindrir l’effet des vaccins . « Le risque est que les mutations de la protéine Spike gênent la reconnaissance du virus par les anticorps », explique Patrick Berche. « Jusqu’à présent, il n’y a rien qui montre que ce variant puisse empêcher une réponse immunitaire après la vaccination », rassure néanmoins Felipe Naveca.

Pour Patrick Berche, qui rappelle qu’il est normal qu’un virus soit amené à muter au cours de sa dissémination épidémique, les mutations inquiétantes sont celles qui affectent la contagion, mais aussi la virulence du virus. « Le premier signe d’une montée en puissance de la virulence du virus serait une augmentation de la mortalité chez les jeunes. Or cela n’est pas observé avec les variants actuels », souligne-t-il.

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