Covid-19 : colère et désarroi chez les patients de plus de 75 ans sans rendez-vous vaccinal – Le Monde

Dans le Jura, le parc d’expositions « Juraparc » s’est transformé en centre de vaccination : 270 vaccins sont réalisés par jour, ici le 3 février 2021.

Des rendez-vous pris d’assaut à la minute où ils sont mis en ligne, des patients prêts à attendre devant un centre de vaccination dans l’espoir qu’une dose supplémentaire soit disponible… Quatre semaines après l’ouverture de la vaccination aux personnes de plus de 75 ans ne vivant pas en Ehpad (soit 5,5 millions de personnes), la pression ne retombe pas. Si 16 % des personnes éligibles ont reçu une première injection, ceux qui n’arrivent pas à trouver un rendez-vous ou dont le rendez-vous a été annulé sont souvent partagés entre colère, inquiétude et incompréhension, relatent les médecins généralistes.

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Faute d’un nombre suffisant de doses, la situation ne devrait pas s’améliorer à brève échéance, même si le gouvernement promet d’ouvrir en cette fin de semaine un million de rendez-vous pour le mois de mars. L’inoculation des secondes doses de vaccin va prendre le pas, dans les jours qui viennent, sur les premières injections, avec pour le mois de février un total de 1,4 million de secondes doses prévues contre 1 million de primo-injections, avec les vaccins Pfizer et Moderna.

« Cette période d’entre-deux est difficile, reconnaît Jacques Battistoni, à la tête de MG France, principal syndicat chez les médecins généralistes. On a des patients désemparés, qui se sentent vulnérables, ils ne savent pas où ni quand ils vont pouvoir trouver au rendez-vous. » Dès que des plages de rendez-vous sont ouvertes, elles sont très vite saturées, et « font beaucoup de déçus », rapporte le médecin.

Nadine, « médecin commandant » sapeur pompier, fait passer à tous les patients un entretien afin de vérifier qu’ils sont en mesure de recevoir le vaccin. Le vaccibus sillonne les communes rurales de la Marne afin d’apporter le vaccin contre la Covid-19 aux habitants les plus reculés. Chalons sur Vesle, le 3 février 2021.

« Quand vous avez des patients en pleurs dans votre cabinet, et que vous ne pouvez rien leur répondre ni leur donner de perspective, c’est un vrai problème », pointe Jean-Paul Ortiz, du CSMF, premier syndicat chez les médecins libéraux. Il a fallu aussi gérer le « bazar sans nom » des annulations et des reports de rendez-vous des dernières semaines, pointe-t-il.

« Perte de chance » pour les plus précaires

Avec les diminutions de livraisons du groupe Pfizer, fin janvier, et de Moderna, plusieurs régions ont annulé en grand nombre des rendez-vous pour garantir l’administration des secondes doses dans les délais prévus. Quelque 100 000 rendez-vous ont dû être reportés, d’après le ministère de la santé. « Mais de nombreux centres n’ont pas pu redonner de rendez-vous, rapporte le docteur Ortiz. Parce qu’ils étaient déjà tous pris. »

Ce sont dès lors les listes d’attente qui s’allongent. Au centre de vaccination de Clamart, 9 000 personnes figurent sur la liste, d’après le docteur Jean-Paul Hamon, président d’honneur de la Fédération des médecins de France (FMF). Après une semaine « quasiment au point mort », en raison des retards de livraison, avec 70 doses reçues contre 420 habituellement, le médecin reste sceptique sur la suite : « Je ne sais pas s’il y a des doublons avec des rendez-vous pris par des patients dans plusieurs centres, mais au rythme où nous sommes, on n’est pas près d’arriver au bout de la liste, il nous faudrait vingt-deux semaines… »

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