Covid-19 : qu’est-ce que la stratégie “zéro Covid” instaurée dans plusieurs pays en Asie et en Océanie ? – LaDepeche.fr

l’essentiel Dans une tribune parue dans les colonnes du journal Le Monde ce lundi 15 février, un collectif de scientifiques européens plaide pour l’adoption d’une stratégie “zéro Covid” en Europe. Quelle est cette méthode ? A-t-elle fait ses preuves ? Peut-on l’envisager en Europe et en France ? La Dépêche du Midi vous propose d’y voir plus clair.

À Auckland, deux millions de Néo-Zélandais ont entamé lundi 15 février un confinement de trois jours à cause de trois cas de Covid-19. Frapper vite et fort pour retrouver rapidement une vie normale : c’est la stratégie dite “zéro Covid” adoptée en Asie et en Océanie.

Dans ces pays, cette méthode semble porter ses fruits : selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Nouvelle-Zélande ne déplore que 1980 cas et 26 morts depuis l’apparition du Covid-19, soit 0,54 mort pour 100 000 habitants. L’Australie voisine enregistre 28 900 cas et 909 décès (3,56 morts pour 100.000 habitants). Rappelons qu’en France, le coronavirus a coûté la vie à 82 812 personnes depuis le début de l’épidémie, soit 124,7 morts pour 100 000 habitants.

La stratégie “zéro Covid” repose sur un objectif simple : réduire à zéro la circulation du coronavirus dans une région ou un pays, grâce à des mesures strictes prises dès que des cas apparaissent, combinées à un contrôle drastique des foyers d’infection (tester, tracer, isoler). C’est cette méthode qu’appelle à appliquer un collectif de scientifiques européens dans les colonnes du journal Le Monde ce lundi 15 février, alors que la France prend du retard dans sa stratégie vaccinale et que l’apparition de nouveaux variants menace l’efficacité des vaccins existants.

Concrètement, la méthode “zéro Covid” repose sur plusieurs leviers : le premier, et le plus important, est l’application d’un confinement strict, dès lors que le moindre cas de coronavirus est recensé dans une région. Exemple il y a moins d’un an avec la Nouvelle-Zélande, contrainte de se confiner suite au recensement d’une dizaine de cas quotidiens dans le pays.

Les autres leviers sont les suivants :

  • Un système “tester-tracer-isoler”, avec des applications de traçage, des systèmes de QR codes, et parfois un traçage rétrospectif comme au Japon.
  • Un contrôle drastique des frontières, avec des quarantaines imposées pour les arrivants.
  • Des restrictions régionalisées. Une fois le virus disparu, les zones concernées peuvent retrouver une vie normale, avec ouverture des écoles, commerces ou encore restaurants, autorisation des rassemblements, etc. 
  • Des mesures préventives fortes dès le moindre recensement de cas. Ces pays n’hésitent pas à agir vite et fort localement pour éteindre un foyer de reprise. L’Australie a ainsi décrété le confinement de Melbourne pendant cinq jours le 12 février après la détection de 13 cas de variants anglais dans un hôtel.

En Europe, la méthode a déjà ses partisans. Le 18 décembre, plusieurs scientifiques ont publié dans la revue The Lancet un article appelant à un “engagement pan-européen pour une réduction rapide et soutenue des infections”. Un mois plus tard, un groupe de virologues, économistes et autres experts allemands ont lancé le 18 janvier une initiative baptisée “No-Covid”.

Sur le vieux continent, la stratégie “zéro Covid” semble pour autant difficile à appliquer :

  • La mobilité est beaucoup plus importante en Europe que des pays d’Asie et d’Océanie, et la densité de population des villes est bien plus élevée. De plus, l’Europe est bien trop dépendante de son économie touristique, que des contrôles aux frontières viendraient mettre à mal. Il existe malgré tout des contre-exemples : dans des zones comme le Vietnam ou Taiwan, les densités de population sont très importantes.
  • Plusieurs de ces pays sont des nations insulaires, ce qui favorise l’adoption d’une telle méthode. Deuxième contre-exemple ici, avec le cas du Royaume-Uni, nation insulaire qui enregistre l’un des plus hauts scores de contamination au coronavirus.
  • Une telle méthode peut être invasive et autoritaire, comme en Chine où la vie privée peut être menacée par certains systèmes de traçage.

Si la méthode pose débat, il est de toute façon “trop tard pour cela en Europe”, estime dans les colonnes de Sud Ouest l’épidémiologiste Antoine Flahault. “L’Europe a manqué l’occasion d’adopter une stratégie de type zéro Covid à la fin du premier confinement” et a “préféré profiter de l’été” en “laissant filer la circulation du virus”, fait valoir le scientifique.

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