Covid-19, variants, reconfinement… une semaine à haut risque pour Emmanuel Macron – Le Parisien

Semaine décisive pour Emmanuel Macron. Jusqu’à présent, les faits semblaient lui donner raison : son choix de ne pas reconfiner n’avait pas entraîné la catastrophe sanitaire annoncée par les épidémiologistes. « Les dernières semaines ont été baissières, c’était donc la bonne décision », souligne l’un de ses proches. « Le président a gagné son pari », répètent en chœur ses fidèles. Sauf que depuis quelques jours, les indicateurs d’entrée en réanimation s’affolent (avec des patients souvent plus jeunes), les transferts de malades ont repris comme il y a un an et, plus symboliquement, les contaminations se poursuivent au sommet de l’Etat : dernier cas en date, la ministre du Travail Elisabeth Borne.

Dans ce contexte, l’opposition retrouve de la voix. Les élus de Paca et du Nord Pas-de-Calais dénoncent de graves incohérences. « Quand je vois la situation en Ile-de-France et en Seine-Saint-Denis, pas concernées par un confinement alors que les courbes flambent, j’ai l’impression que nous sommes l’arbre niçois qui cache la forêt parisienne », s’insurge le maire LR de Nice, Christian Estrosi. « Ces comparaisons n’ont pas de sens, se défend-on à Matignon. On ne peut pas isoler des départements, comme la Seine-Saint-Denis. Est-ce que les gens se sont contaminés à Paris mais se sont fait dépister chez eux en banlieue ? Il faut réfléchir au niveau régional. Or, il y a encore une marge de manœuvre. »

Il n’empêche : le conseil de défense de mercredi pourrait faire basculer la région capitale sous confinement, les week-ends. Pour prendre ce difficile arbitrage, Emmanuel Macron ne consultera pas uniquement l’avis du conseil scientifique et les indicateurs sanitaires. L’équation est plus large. « De quel côté va retomber la pièce? Pour l’instant, c’est du 50-50, avance un conseiller de poids. La décision sera politique. Comment faire accepter un confinement à Paris? Les gens sont crevés, les beaux jours reviennent. Comment éviter que les Parisiens partent se mettre au vert et contaminent, en fuyant la capitale, des zones relativement préservées? » L’exécutif doit composer avec les élus de la mairie de Paris. « Ils ont changé trois fois de position en 24 heures, grince une ministre. L’opposition est dans les jeux de posture. »

« Chaque semaine sans confinement est une semaine gagnée »

Un tour de vis supplémentaire serait en tout cas un mauvais signal pour Emmanuel Macron qui a tout misé sur deux leviers pour éviter les mesures impopulaires : la vaccination des publics fragiles et l’appel à la responsabilité de chacun dans le respect des gestes barrière. Sans attendre un éventuel recul, la majorité rode déjà ses arguments.

« Rien ne dit que si on avait confiné vite et dur en février, comme certains nous le conseillaient, on ne serait pas en train de s’interroger sur un nouveau confinement, en ce moment », glisse-t-on dans l’entourage de Jean Castex. Où on martèle : « Chaque semaine sans confinement est une semaine gagnée. » Le président du groupe LREM au Sénat François Patriat renchérit : « Le gouvernement italien a mis son pays sous cloche puis a rouvert ses restos et ses musées. Il doit maintenant reconfiner. Chaque pays tâtonne, hésite, fait du stop-and-go, c’est normal. » D’autres, enfin, soulignent l’étonnante déconnexion entre les taux d’incidence constatés et la situation dans les services de réanimation.

Parallèlement, le gouvernement déploie de gros moyens pour montrer que la situation est sous contrôle. Jeudi et dimanche prochain, deux TGV médicalisés quitteront Paris avec à leur bord 25 patients chacun. Ce week-end, la campagne de vaccination a été menée tambour battant, malgré les controverses sur le sérum AstraZeneca. « Si j’avais le moindre doute, je demanderais la suspension du vaccin AstraZeneca, a assuré Jean Castex, qui s’exprimait ce dimanche soir sur la plate-forme de streaming Twitch, chère aux adeptes de jeux vidéo. C’est mon devoir. A ce stade, il faut avoir confiance dans ce vaccin et se faire vacciner. » Et d’ajouter : « Quand on aura vacciné, on retrouvera une partie de notre liberté. » Un optimisme qui n’a pas éteint une flopée de commentaires sceptiques sur la plateforme, dont celle de l’internaute au pseudonyme « Nate_fisher » : « Nous sommes à 5 millions de vaccinés en France contre plus de 23 en Angleterre. Quel est le plan CONCRET pour accélérer. »

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