Covid-19 : derniers jours pour les grands départs, avant leur interdiction pendant un mois – Le Monde

Dans une unité de soins intensifs prenant en charge des patients atteints du Covid-19 à Tours, le 2 avril.

Alors que le troisième confinement national, annoncé mercredi par le président de la République, entrera en vigueur samedi soir, la situation sanitaire continue de se tendre en France métropolitaine. Selon Santé publique France (SPF), le pays connaît une « forte augmentation du nombre de nouveaux cas [de contamination au SARS-CoV-2] depuis trois semaines ». L’agence sanitaire déplore une « dégradation de tous les indicateurs sur l’ensemble du territoire ».

D’après les derniers chiffres, mis en ligne vendredi, plus de 5 200 patients atteints du Covid-19 sont hospitalisés en réanimation en France, tandis que 301 décès ont été comptabilisés en vingt-quatre heures.

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D’ici à lundi, durant tout le week-end de Pâques, le gouvernement permet à ceux qui le peuvent et le souhaitent de quitter leur région de résidence pour s’isoler dans une résidence secondaire ou dans leur famille. Sur les routes, Sytadin comptabilisait 142 kilomètres de bouchons en Ile-de-France, à 17 h 50, contre 320 en moyenne à cette heure le vendredi, pic de la journée. Mais Bison futé prévoit bien un week-end chargé, classé orange samedi dans le sens des départs et lundi dans celui des retours. A la gare Montparnasse, vendredi après-midi, l’animation témoignait aussi bien d’une veille de week-end de Pâques, mais les trains n’étaient pas pris d’assaut pour autant.

Passé ce délai de tolérance, les déplacements au-delà de 10 kilomètres du domicile ne seront plus autorisés, sauf dérogations, pendant quatre semaines.

  • Les restrictions de déplacements s’appliquent aussi aux vaccinés

Si ce vendredi marque l’heure des grands départs, avant leur interdiction pendant un mois, le Conseil d’Etat a mis en garde : le vaccin contre le Covid-19 n’immunise pas contre le confinement. Dans une ordonnance, la plus haute juridiction rappelle donc que le maintien des restrictions de déplacement s’applique aussi aux personnes vaccinées.

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Saisi en référé par un habitant d’un des premiers départements où les déplacements ont été limités à 10 kilomètres à la mi-mars, le Conseil d’Etat a conclu que cette « atteinte à la liberté individuelle (…) ne peut, en l’état, au regard des objectifs poursuivis, être regardée comme disproportionnée, en tant qu’elle s’applique aux personnes vaccinées ».

« Pour efficace que soit la vaccination, qui ne concerne encore qu’une faible fraction des personnes les plus vulnérables, elle n’élimine pas complètement la possibilité que les personnes vaccinées demeurent porteuses du virus », fait valoir le Conseil d’Etat. Or, à ce jour, « l’effet de la vaccination en matière de réduction de la circulation du virus n’est atteint, dans certains pays (…) que par un niveau suffisant de vaccination au sein de l’ensemble de la population ».

  • Les quais de Saône, à Lyon, fermés au public

Le préfet du Rhône a annoncé vendredi la fermeture des quais de Saône à Lyon en raison d’une recrudescence d’« attroupements » jugés « dangereux » en période d’épidémie. Cette mesure, à laquelle le maire de Lyon, Grégory Doucet (Europe Ecologie-Les Verts), n’était pourtant pas favorable, sera effective dès samedi et jusqu’au 2 mai.

Une fête avec musique et boissons ayant réuni quelque 300 personnes, le temps d’une heure mardi en fin de journée, a fait polémique cette semaine. Ses organisateurs se sont signalés à la police, qui les a placés en garde à vue vendredi. « Depuis plusieurs jours, il a été constaté une recrudescence des regroupements de personnes sans respect de la jauge de six personnes, des gestes barrières, de la distanciation physique et du port du masque », signale ainsi la préfecture dans un communiqué de presse.

  • Restaurants, cinéma et salles de sports ferment à La Réunion

La Réunion a imposé, vendredi, de nouvelles mesures de restriction pour lutter contre la troisième vague de Covid-19 avec la fermeture, à compter de mardi, des bars, restaurants, lieux culturels et salles de sport. Ces « mesures de freinage » resteront en vigueur au moins quinze jours, a précisé le préfet de l’île, Jacques Billant, lors d’une conférence de presse conjointe avec l’agence régionale de santé (ARS).

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Et « si, dans quinze jours, la dynamique [de l’épidémie] n’est pas à la baisse, je commencerai le confinement du territoire calqué sur celui de la métropole », a averti le représentant de l’Etat. Le couvre-feu appliqué à La Réunion entre 18 heures et 5 heures, depuis le 5 mars, n’a pas fait reculer le nombre de contaminations, dont les chiffres sont jugés « préoccupants » par les autorités.

Encore loin de celui de la métropole, le taux d’incidence de l’île remonte : il est actuellement de 120 contaminations pour 100 000 habitants, « ce qui n’était jamais arrivé », a déclaré Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’ARS. Le taux d’occupation des 122 lits de réanimation a, lui, « atteint 90 % certains jours », selon M. Deparis. Au début de mars, une première évacuation sanitaire de quatre malades a été organisée vers la métropole.

  • Les 24 Heures Motos du Mans reportés sine die

La 44e édition des 24 Heures Motos du Mans, prévue les 17 et 18 avril, est reportée sine die en raison du « contexte sanitaire actuel, qui engendre une forte tension hospitalière », ont annoncé les organisateurs dans des communiqués vendredi.

Un tel contexte « ne permet pas la tenue de l’épreuve dans les conditions de sécurité nécessaires », expliquent le promoteur Eurosport Events et l’Automobile Club de l’Ouest, ajoutant « travailler d’ores et déjà pour trouver une date de report sur la saison 2021 ».

« La sécurité des pilotes n’est pas un paramètre négociable et la tension hospitalière actuelle et sur les prochaines semaines ne permet pas la tenue des 24 Heures Motos », a notamment fait valoir François Ribeiro, directeur d’Eurosport Events.

  • Le nombre de classes fermées a plus que triplé cette semaine

Selon le ministère de l’éducation nationale, le nombre de classes fermées en raison de cas de Covid-19 a plus que triplé au cours de la semaine écoulée, passant à plus de 11 000, quelques heures avant la fermeture des écoles pour plusieurs semaines.

Sur l’ensemble du territoire, 11 272 classes (contre 3 256 il y a une semaine) sur 528 400 sont fermées, soit 2,1 % du total, selon un calcul de l’AFP effectué à partir des données communiquées par le ministère. Deux cent vingt-neuf établissements scolaires sur 61 500 gardent portes closes (soit 0,37 % du total), dont 187 écoles, 27 collèges et 15 lycées. Les académies les plus touchées en termes de fermetures de classes sont celles de Versailles, Créteil et Nancy-Metz.

Dans le détail, 28 738 élèves (contre 21 193 il y a une semaine) ont été contaminés sur un total de 12,4 millions, soit un taux de 0,23 %, selon les chiffres communiqués par le ministère de l’intérieur. Des données toutefois probablement sous-estimées puisque la recension du nombre d’élèves atteints du Covid-19 repose principalement sur la volonté des parents de déclarer leur enfant comme cas positif.

  • Pas d’autorisation temporaire pour l’ivermectine

L’ivermectine, remède contre le Covid-19 ? C’est non pour l’Agence française du médicament. L’ANSM a rejeté la demande d’accorder une autorisation temporaire à ce médicament antiparasitaire, pour traiter ou prévenir le Covid-19. L’agence sanitaire, qui a publié sa décision, jeudi 1er avril, avait été saisie par l’avocat Jean-Charles Teissedre, qui représente une association et des professionnels de santé.

« En raison des données disponibles à ce jour, nous ne pouvons pas répondre favorablement » à cette requête, note l’ANSM. L’analyse des données publiées, « du fait de leurs limites méthodologiques, ne permet pas d’étayer un bénéfice clinique de l’ivermectine quel que soit son contexte d’utilisation, en traitement curatif ou en prévention ».

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L’ANSM souligne cependant « la nécessité de mettre en œuvre de larges études cliniques » scientifiquement rigoureuses « en vue de conclure à sa possible utilisation dans le contexte de la maladie Covid-19 ».

L’ivermectine fait l’objet d’une intense promotion sur les réseaux sociaux. Déjà, l’Agence européenne du médicament (AEM) et l’Organisation mondiale de la santé, le 22 mars et le 31 mars, avaient recommandé de ne pas l’utiliser pour le Covid-19 en dehors d’essais cliniques. Un avis avait été également émis dans ce sens en France, le 27 février, par le Haut Conseil de santé publique. L’AEM mentionnait toutefois dans son avis que la République tchèque et la Slovaquie ont permis une utilisation temporaire de l’ivermectine.

Le Monde avec AFP

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