Covid-19 en France : « La troisième vague est loin d’être terminée », prévient Jean Castex – Le Monde

Si le nombre de personnes contaminées par le Covid-19 stagne en France, « la troisième vague est loin d’être terminée », a averti, vendredi 16 avril, le premier ministre, Jean Castex, lors d’un déplacement à Caen. « La tension hospitalière se poursuit sur l’ensemble du territoire métropolitain et la mortalité est toujours en hausse », a prévenu l’agence sanitaire Santé publique France.

Vendredi, le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés dans les services de soins critiques (réanimation, soins intensifs et surveillance continue) dépassait les 5 900 personnes, un chiffre stable depuis une semaine, encore loin du pic de la première vague en avril 2020 (7 000). Le nombre total de patients positifs au coronavirus soignés dans les hôpitaux est de 30 472, en légère baisse. Trois cent neuf personnes sont mortes du Covid-19 au cours des dernières vingt-quatre heures.

Dans ce contexte, l’exécutif continue malgré tout d’espérer un déconfinement progressif « vers la mi-mai », comme l’a affirmé le chef de l’Etat Emmanuel Macron jeudi lors d’une visioconférence avec plusieurs maires.

  • L’épidémie se stabilise à un niveau élevé

Si la circulation du virus semble ne plus augmenter, les indicateurs épidémiologiques « se maintenaient à un niveau très élevé » durant la semaine dernière, a mis en garde Santé publique France. Ainsi, le nombre de nouveaux cas s’est maintenu à plus de 200 000 (230 770, contre 275 249 la semaine précédente), malgré un jour férié supplémentaire (le lundi de Pâques).

Et, avec plus de 13 000 hospitalisations hebdomadaires, plus de 3 100 admissions en réanimation et plus de 2 100 décès, « la tension hospitalière se poursuit sur l’ensemble du territoire métropolitain et la mortalité est toujours en hausse », ajoute l’agence sanitaire.

« La troisième vague est loin d’être terminée », malgré « un certain nombre d’évolutions favorables », a commenté le premier ministre, Jean Castex, lors d’un déplacement à Caen vendredi, où des soignants du CHU lui ont fait part de leur « épuisement ». Il y a toujours un « décalage » entre l’évolution du nombre des contaminations et celle de la « situation hospitalière », a rappelé le chef du gouvernement.

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  • La quasi-totalité des résidents d’Ehpad vaccinés

La vaccination, elle, continue de progresser, dépassant 400 000 injections quotidiennes, mais le taux de couverture vaccinale (22,8 % de la population majeure avec une première dose, 8,1 % avec deux) est encore relativement bas.

« Aujourd’hui est un jour particulier pour la vaccination : c’est le premier jour où les Françaises et Français âgés de 60 ans et plus peuvent se faire vacciner » avec les vaccins de Pfizer et de Moderna, a noté le ministre de la santé, Olivier Véran, lors d’une visite d’un centre de vaccination à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence).

M. Véran a également fait savoir que « quasiment 100 % » des résidents d’établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) avaient reçu une première dose de vaccin et trois quarts d’entre eux avaient reçu deux injections. Il a ajouté que 80 % des soignants âgés d’au moins 50 ans, et plus des deux tiers tous âges confondus, avaient bénéficié d’au moins une injection.

« La vaccination est la clé pour pouvoir sortir de cette pandémie », a-t-il insisté, notant que le gouvernement se préparait à l’hypothèse d’une troisième dose en cas notamment de nouvelles mutations du virus. Pour le vaccin à ARN de Pfizer-BioNTech, une troisième dose, en plus des deux prévues, sera « probablement » nécessaire, puis sans doute une injection chaque année, a affirmé le patron du groupe pharmaceutique américain, Albert Bourla.

De son côté, la ministre de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, n’a pas exclu que l’Union européenne ne renouvelle pas ses contrats avec le vaccin d’AstraZeneca pour 2022, après des relations tendues entre Bruxelles et le laboratoire anglo-suédois à cause de livraisons non tenues et des questions autour des risques d’effets secondaires.

  • Gabriel Attal réaffirme l’objectif de réouverture de certains lieux à la mi-mai

L’exécutif maintient l’objectif de rouvrir de rares activités à la mi-mai, sans faire de grandes promesses. « Le président de la République avait indiqué que les réouvertures démarreraient autour de la mi-mai, et donc c’est autour de la mi-mai que pourront démarrer les réouvertures », a ainsi répété sur Franceinfo M. Attal, précisant qu’il s’agissait de rouvrir « certaines terrasses et certains lieux de culture ».

Le gouvernement travaille également sur « ce qu’on appelle le « passe sanitaire », et donc sur les protocoles et les conditions qui vont être exigées pour accéder à certains lieux ou certains événements », a dit M. Attal, mais aucune « forme du passe n’a été actée », rappelant que « dès lors qu’on pourra assouplir, on le fera, mais il faut rester prudent aujourd’hui. On a une situation épidémique avec un virus qui continue de circuler activement » malgré des « signaux positifs ».

Par ailleurs, les dates de réouverture des établissements scolaires « seront tenues », a aussi assuré M. Attal, qui n’a pas exclu que « certaines classes du collège » reviennent le 3 mai en demi-jauge, comme les lycéens.

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  • Troisième confinement à la Martinique, couvre-feu renforcé en Guyane

A Cayenne, en Guyane, devant un centre de vaccination, le 30 mars.

A la Martinique, le préfet, Stanislas Cazelles, a annoncé jeudi que l’île était de nouveau confinée, le nombre de patients Covid-19 n’ayant pas cessé d’augmenter ces dernières semaines. Ce troisième confinement intervient après une première mesure de couvre-feu décrétée fin mars. Le préfet a invoqué la nécessité de « réduire les contacts » pour espérer freiner la propagation du virus, « surtout [celle du] variant anglais, qui est de plus en plus présent et qui fait des ravages ».

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En Guyane, devant l’intensification de la circulation du virus, la préfecture a renforcé les mesures de couvre-feu dans huit communes, dont Cayenne. Il y sera étendu de samedi 19 heures à lundi 5 heures. « Le variant P1, dit brésilien, représente aujourd’hui plus de 84 % des prélèvements positifs en Guyane », souligne un communiqué. La campagne vaccinale va en parallèle être élargie aux personnes de plus de 30 ans.

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  • Le Conseil d’Etat maintient les restrictions de déplacement pour les couples binationaux non mariés hors UE

Mauvaise nouvelle pour les Français entretenant une relation à distance avec une personne étrangère, hors de l’Union européenne : le Conseil d’Etat a refusé vendredi de lever leurs restrictions de déplacement à cause de la pandémie.

« Le maintien de mesures de restriction d’entrée sur le territoire français aux ressortissants étrangers engagés dans une relation de couple avec un ressortissant français sans être mariés, pacsés ou vivre en concubinage ne peut être regardé comme une mesure n’étant manifestement pas nécessaire, adaptée et proportionnée à l’objectif de sauvegarde de la santé publique », a estimé la plus haute juridiction administrative dans une décision. Elle rejette ainsi la demande de dérogation formulée par plusieurs couples séparés de force par l’épidémie.

  • La surmortalité deux fois plus élevée chez les étrangers en France en 2020

Les personnes nées à l’étranger ont connu en 2020 une surmortalité deux fois plus élevée que celles nées en France, accentuée par une très forte hausse des décès chez les ressortissants africains, pendant la première vague de la pandémie de Covid-19, selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiées vendredi. Ainsi, si les décès ont augmenté en général de 9 % en 2020 par rapport à l’année précédente en France, ceux concernant les personnes étrangères ont bondi de 17 %.

L’étude « ne permet pas d’expliquer la différence de surmortalité » entre ces deux populations, mais elle relève que l’écart s’est surtout creusé en mars et avril 2020, lorsque la situation épidémique a conduit au premier confinement. Sur ces deux mois, « toutes causes confondues, les décès de personnes nées à l’étranger ont augmenté de 49 % » par rapport à la même période de 2019, contre 23 % chez celles nées en France. Le ratio de la surmortalité des étrangers « est plus modéré pour la deuxième vague (1,7 contre 2,1), même s’il demeure élevé », écrit encore l’organe de statistique.

Le Monde avec AFP

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