Covid-19: en Guyane, des hôpitaux débordés et un personnel à bout – RFI

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Alors que l’épidémie de Covid-19 continue de décroître en métropole, la situation reste dramatique en Guyane. La vague provoquée par le variant Delta remplit les hôpitaux alors que seulement 30% de la population est vaccinée.

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Sébastien Lecornu est inquiet pour l’avenir de la Guyane. Le ministre des Outre-mer est sur place jusqu’au 28 septembre. Il est venu constater une situation dont témoignent les soignants depuis des semaines : services de réanimation saturés, urgences débordées, personnel à bout. L’épidémie de Covid-19 y est d’une violence rare : 21 décès en une semaine. Rapporté à la population de 300 000 habitants, c’est un triste record en France, du jamais vu même durant la première vague.

À ce tableau bien sombre s’ajoutent de vives tensions, entre vaccinés et non-vaccinés, dont témoigne également le personnel soignant. Une campagne de vaccination organisée en début de semaine par la Croix-Rouge a ainsi été empêchée par des opposants. « Le personnel hospitalier vient travailler la peur au ventre », assure Christiane Vanessche, coordonnatrice des soins dans un centre hospitalier de Cayenne.

« Les soignants se sentent seuls » sans « aucun soutien politique »

La dualité entre personnels vaccinés et non-vaccinés est « extrêmement préoccupante » explique la cadre de santé, citant aussi l’état de fatigue des équipes et la vague d’arrêts-maladie en cours à l’hôpital, atteignant aujourd’hui un personnel sur cinq. « Les soignants se sentent seuls » face à cette violence, explique à son tour avec beaucoup de lassitude Guillaume Icher, le responsable du vaccinodrome de Cayenne, qui regrette qu’il n’y ait « aucun soutien politique ».

À ce jour, la Guyane affiche avec la Guadeloupe la couverture la plus basse : seul un peu plus de 30% de la population est protégée contre le Covid-19. « 10% de la population est covidosceptique, 15% sont des vaccino-sceptiques qui préfèrent l’immunité naturelle et les remèdes traditionnels et 25% de la population sont indécis », indique l’épidémiologiste Claude Flamand de l’Institut Pasteur de Guyane.

Face à cette situation, les responsables politiques locaux se refusent à appeler clairement les habitants à se faire vacciner, que ce soit Christiane Taubira ou le président de l’assemblée locale Gabriel Serville. Ils estiment que ce n’est pas leur rôle. Seul George Patient, sénateur de Guyane, a lancé un message clair en faveur de la vaccination. La solution, dit-il, pour un retour à une vie normale.

Depuis des mois, la Guyane est sous le coup de semi-confinements plus ou moins serrés. Les restaurants, les centres de distraction sont toujours fermés. La vie sportive et sociale est en demi-teinte, engendrant de nombreuses crispations. Et ces restrictions pourraient bien perdurer tant que les indécis ne seront pas prêts.

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