Covid-19 : ce que l’on sait (et ce que l’on ignore encore) du passe vaccinal – L’Express

Le passe sanitaire devait être un outil “provisoire”. A la place, il se transforme en passe vaccinal, comme l’a annoncé le Premier ministre Jean Castex dans son allocution vendredi dernier. Alors que l’épidémie gagne du terrain en France, le gouvernement décide de hausser le ton face aux personnes non-vaccinées. Le couperet est donc tombé : un test négatif ne suffira plus pour entrer dans les lieux soumis au passe (restaurants, musées, cinéma, etc.)  

Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer a justifié cette décision ce dimanche sur BFMTV estimant qu’il était “normal de mettre la pression sur les personnes non-vaccinées”. La veille, le ministre de la Santé Olivier Véran a pour la première fois reconnu que le passe vaccinal est “une forme déguisée d’obligation vaccinale“, dans une interview à Brut. Date de lancement, lieux de travail, validité… Le point sur ce que l’on sait ou pas du futur sésame. 

  • Les lieux où il sera demandé

Les lieux de restauration ne seront plus ouverts aux personnes non-vaccinées. Par ailleurs, le passe vaccinal devrait être également demandé pour accéder aux terrasses en extérieur. Les lieux de loisirs se retrouvent aussi concernés par cette nouvelle mesure. Idem dans les stations de ski, où le passe vaccinal devrait remplacer le passe sanitaire concernant les remontées mécaniques.  

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“Empêcher les gens d’aller dans les bars, les restaurants, dans les lieux qui reçoivent du public s’ils ne sont pas vaccinés, c’est plus efficace que leur mettre une amende de 100 euros quand on les attrape dans la rue”, a déclaré Olivier Véran au micro de Brut. 

Par ailleurs, les établissements de santé devraient aussi demander le passe vaccinal. Cela peut concerner les proches d’un patient en fin de vie, ou encore les consultations d’urgence. Cette mesure ne devrait donc pas concerner les cas d’urgence au sens large, pour lesquels le passe sanitaire n’est pas vérifié. Une personne non-vaccinée pourra avoir accès aux soins urgents.  

  • Sa date d’entrée en vigueur

La course contre la montre est enclenchée. En début de semaine prochaine, le gouvernement devrait s’entretenir avec les partenaires sociaux et les parlementaires au sujet du passe vaccinal. Le projet de loi doit être examiné en Conseil des ministres le 5 janvier prochain.  

Le calendrier de travail est encore flou, mais le texte devrait être examiné par les députés de la commission des Lois le vendredi 7 janvier. Dans ces conditions, il pourra être discuté dans l’hémicycle à partir du lundi 10 janvier, avant d’être transmis au Sénat autour du 17 janvier. Par la suite, il devra être voté par les deux chambres. La promulgation du texte pourrait prendre plusieurs semaines, le texte pourrait entrer en vigueur fin janvier. 

  • La question du passe (sanitaire) dans les entreprises

Samedi matin, le ministre de la Santé s’est déclaré opposé à rendre le passe vaccinal obligatoire dans les entreprises. “On ne peut pas empêcher les gens de travailler s’ils ne sont pas vaccinés, mais on peut exiger d’eux qu’ils fassent un test”, a-t-il expliqué lors de son passage sur France Inter.  

Mais l’affaire ne s’arrête pas là, car la question du passe sanitaire dans toutes les entreprises est sur la table. Pour rappel, seules certaines catégories de salariés doivent montrer patte blanche avant d’aller travailler (les employés dans les bars, lieux de loisirs…) Si le passe sanitaire était demandé sur le lieu de travail, alors il cohabiterait avec le passe vaccinal. 

Sur LCI, le vice-président délégué de l’association nationale des DRH, Benoît Serre a mis en évidence plusieurs freins à la mesure. Un tel système “pourrait désorganiser les entreprises”, explique-t-il sur la chaîne d’information. Par exemple, que faire du salarié qui n’a pas son passe vaccinal ? Est-ce qu’on les met en congés ? Est-ce qu’on suspend leur contrat de travail ?”, poursuit le spécialiste. 

  • Incertitude dans les transports

S’agissant de l’accès aux trains, “cela doit être précisé prochainement”, mais “la piste de travail” est également que les trains concernés par le passe sanitaire actuellement “soient soumis à cette obligation vaccinale”, selon une source ministérielle à l’AFP.  

Selon Olivier Véran, les parlementaires pourraient disposer d’une marge de manoeuvre sur ce sujet. “Je souhaite qu’à l’occasion du débat, ils puissent réfléchir à des renforcements éventuels”, citant expressément en exemple l’instauration du passe vaccinal dans les trains et les avions. 

  • Un contrôle renforcé

Lors de sa prise de parole vendredi soir, le Premier ministre Jean Castex a indiqué que l’exécutif renforcerait les contrôles de ce passe vaccinal. “Il y a un enjeu sur le fait que les contrôleurs dans les établissements puissent vérifier que le passe est bien celui de la personne qui le présente. Le contrôle d’identité fait partie des débats sur la table” a martelé Olivier Véran.  

Selon le ministre de la Santé, la question de vérifier l’identité de la personne en même temps que le contrôle du passe doit être posé. “Des lors qu’il y a des fraudes et que le système n’est pas inviolable, nous devons mettre toutes les chances de notre côté”, poursuit-il. Aujourd’hui, seules les forces de l’ordre ont aujourd’hui le droit de procéder à ce contrôle. 

  • Ce qu’en pensent les scientifiques

Les spécialistes de la santé sont partagés au sujet du passe vaccinal. Tout d’abord, il y a ceux qui applaudissent des deux mains : “C’est une très bonne décision, quoique trop tardive : l’Académie nationale de médecine ne peut que l’approuver puisqu’elle avait émis cette recommandation dès le 25 mai”, déclarait samedi à L’Express, Yves Buisson, épidémiologiste et membre de l’Académie nationale de médecine. Pierre Squara, chef du service réanimation de la clinique Ambroise Paré à Neuilly abonde en ce sens sur BFMTV estimant que “le passe vaccinal est un peu plus performant que le passe sanitaire”.  

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En face, il y a les scientifiques qui estiment que l’on se trompe de cible. A l’instar du professeur Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré à Garches : “Le plus urgent, c’est de mettre fin aux faux certificats vaccinaux.” Pour le spécialiste, il faut aussi davantage chercher les personnes les plus précaires qui n’ont pas toujours accès aux informations concernant le vaccin. 

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