Coronavirus : l’étude du « Lancet » sur l’hydroxychloroquine suscite des interrogations – Le Monde

Des pilules d’hydroxychloroquine, à Provo (Utah, Etats-Unis), le 27 mai.
Des pilules d’hydroxychloroquine, à Provo (Utah, Etats-Unis), le 27 mai. GEORGE FREY / REUTERS

C’est l’étude qui, après une série de signaux négatifs, a fait basculer les autorités sanitaires concernant l’efficacité et la sécurité du traitement à l’hydroxychloroquine dans la lutte contre le Covid-19. Le 22 mai, la revue scientifique britannique The Lancet publiait une analyse rétrospective des dossiers médicaux de 96 000 malades, qui aboutissait à la conclusion que, loin d’apporter un bénéfice aux patients hospitalisés, la chloroquine et l’hydroxychloroquine, combinées ou non à des antibiotiques (dont l’azithromycine), entraînaient un risque accru d’arythmie cardiaque et de décès à l’hôpital.

Dans la foulée, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a suspendu temporairement l’inclusion de patients recevant de l’hydroxychloroquine dans son essai clinique Solidarity. En France, le gouvernement, suivant l’avis du Haut Conseil de santé publique et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), a publié un décret abrogeant une dérogation qui avait permis l’utilisation de la molécule dans un contexte hospitalier contre le Covid-19. Et les essais cliniques sur l’hydroxychloroquine ont été suspendus, le temps d’analyser les données.

Lire aussi : Pourquoi le traitement à l’hydroxychloroquine est suspendu en France

L’étude du Lancet a aussitôt été passée à la loupe, et sévèrement critiquée. Vendredi 28 mai, un court erratum du Lancet a répondu à une partie des interrogations, reconnaissant une erreur de codage et la publication d’un tableau de données redressées en lieu et place de données brutes. Mais sur le fond, « il n’y a pas eu de changement dans les conclusions de l’article », précise The Lancet dans ce correctif.

Ces éclaircissements calmeront-ils les critiques? Parmi les premiers en France, l’ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy avait estimé qu’elle comportait de graves incohérences méthodologiques, avant de reconnaître qu’il l’avait pour partie mal lue. Mais certaines de ses interrogations trouvent leur réponse dans le correctif du Lancet.

Lire aussi Etude sur l’hydroxychloroquine : les raccourcis et approximations de Philippe Douste-Blazy

Qualifiant l’étude de « foireuse », le professeur Didier Raoult n’avait pas hésité à soupçonner ses signataires d’avoir manipulé les données, évoquant des « fake data » dans un tweet en anglais. La version française était à peine plus mesurée : « Il n’est pas possible qu’il y ait une telle homogénéité entre des patients de 5 continents différents. Il y a manipulation préalable, non mentionnée dans le matériel et méthodes, ou ces données sont faussées », écrivait le directeur de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille. Le correctif du Lancet penche plutôt pour une troisième option: la publication erronée d’un tableau à la place d’un autre. Mais l’incohérence des données avait été justement pointée.

Il vous reste 61.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

Share your thoughts