Vaccination contre le Covid-19 : radiographie de la France qui doute – Le Monde

Centre de vaccination de Romainville, près de Paris, le 8 juin 2021.

Des courbes de vaccination qui plafonnent, des prises de premier rendez-vous en baisse, des créneaux libres dans certains centres : la campagne de vaccination contre le Covid-19 semble marquer le pas. Certains y voient l’approche du fameux « plafond de verre », limite aussi invisible qu’infranchissable sur le chemin de l’immunité collective. D’autres font ressurgir le spectre d’une France « antivax », qui planait il y a six mois, avant de s’évanouir au printemps. Mais cette image du pays de Pasteur envahi par les soupçons face à ces nouveaux vaccins mis au point dans un temps record avait-elle une réalité ?

L’enquête que deux sociologues ont rendue publique, le 10 juin, sur le site de preprint MedRxiv, en attendant une publication en bonne et due forme dans une revue scientifique, offre une vision plus nuancée.

En s’appuyant sur un vaste échantillon de plus de 85 000 personnes, elle livre pour la première fois l’ampleur réelle des phénomènes de rejet mais aussi d’hésitation face aux vaccins anti-Covid-19. Surtout, elle met en évidence ses déterminants sociaux, les différences de genre, de milieux, d’opinions politiques dans la construction d’une position face au vaccin. Elle ouvre au passage des pistes sur la manière de combattre les réticences face à la vaccination, de façon à réduire les inégalités sociales de santé.

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Pour réaliser cette enquête, Nathalie Bajos, directrice d’études à l’Inserm, et Alexis Spire, directeur de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, se sont appuyés sur la cohorte EpiCoV, qui, depuis avril 2020, suit quelque 135 000 personnes de plus de 15 ans dans leurs parcours face à la pandémie.

En retenant les habitants de France métropolitaine, majeurs – donc susceptibles de décider seuls de leur vaccination – et n’ayant jamais été diagnostiqués positifs, ils ont rassemblé un échantillon de 85 855 individus, qu’ils ont interrogés en novembre 2020. Les premiers vaccins à ARN messager venaient donc tout juste de faire leurs preuves lors des essais de phase 3. Les autorités de contrôle s’apprêtaient à les approuver. « La situation a très probablement évolué depuis, la dynamique semble avoir joué en faveur de la vaccination, mais cela nous offre une première image, que nous allons désormais suivre », explique Nathalie Bajos.

Dès décembre, pourtant, le scepticisme général décrit par les sondages ne se retrouve pas dans l’enquête approfondie réalisée par les deux sociologues. Ils ne sont que 13,9 % à dire qu’ils n’iront « sûrement pas se faire vacciner » et 10,3 % qui ne pensent « probablement pas » recevoir l’injection. Même si cette proportion peut paraître élevée – près d’un Français adulte sur quatre –, on est loin d’une majorité hostile à la vaccination contre le Covid-19.

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