Covid-19 : comment les hôpitaux allemands, espagnols et grecs se préparent à l’été – franceinfo

À l’approche de l’été, synonyme de réduction des effectifs, les personnels des hôpitaux français sont inquiets. Les fermetures de services et les suppressions de postes placent déjà les soignants dans une situation critique. Comment nos voisins européens se préparent-ils à la période estivale sur le front de la santé ? Exeemples en Allemagne, en Espagne et en Grèce.

Des situations disparates en Allemagne 

En Allemagne, chacun des 16 Länder mène sa propre politique de santé. Il y a donc logiquement 16 situations différentes. Dans certaines régions comme la Bavière tout va bien. C’est un territoire riche et le ministre bavarois de la Santé a annoncé cette semaine des lits supplémentaires dans les unités de soins intensifs et dans d’autres services, tout en saluant “l’immense engagement des médecins, du personnel infirmier et hospitalier sous une pression intense depuis plus de deux ans. Ils ont, avec beaucoup d’engagement, de flexibilité et de créativité, accompli de grandes choses. Et ils méritent la plus haute reconnaissance et notre respect”.

À l’inverse, dans l’Ouest, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans des grandes villes comme Cologne ou Düsseldorf, le personnel hospitalier s’est mobilisé récemment plusieurs fois jusqu’à faire grève – ce qui n’est pas commun en Allemagne – pour obtenir une prime et une hausse de salaire. Avec là encore des situations différentes, certains ont obtenu gain de cause, d’autres non.

On ne peut donc pas parler de façon générale d’un système hospitalier allemand en crise à l’approche de l’été. Les épidémiologistes allemands s’attendent à un retour du Covid-19 cet automne, voire peut-être dès cet été, disent-ils. Pour l’heure, ils n’ont aucune certitude. Il y a 1 000 lits occupés sur les 24 000 que comptent les services de soins intensifs. Le personnel peut respirer un peu et compter sur cette prime qui sera versée au mois de juillet. Le Bundestag l’a votée la semaine dernière. Jusqu’à 2 500 euros pour une infirmière qui a œuvré en soins intensifs, 550 euros pour sa collègue en gériatrie, 370 euros pour les autres. Et un peu moins pour les stagiaires et les volontaires qui ont prêté mains fortes. Soit plus d’un million et demi de personnes concernées dans les hôpitaux et les maisons de retraites.

Les urgences espagnoles saturées

En Espagne, ce sont les services d’urgences qui débordent. Certains hôpitaux parlent d’une augmentation de plus de 50% des consultations par rapport à la situation d’avant la pandémie de Covid-19.  Il n’y a pas de chiffres nationaux, la question des moyens se pose donc hôpital par hôpital. Le journal El País s’est attelé à la tâche et a publié une grande enquête sur le sujet mercredi 26 mai. Selon le quotidien, tous les hôpitaux consultés n’ont jamais eu autant de consultations au cours d’un mois de mai.

Les organisations professionnelles le confirment :  tant les urgences pour adultes que les unités pédiatriques connaissent un pic des visites. Et le plus surprenant c’est que cette hausse des arrivées aux urgences n’est pas accompagnée d’une augmentation des hospitalisations. Cela veut dire que beaucoup d’Espagnols ne vont pas aux urgences, si l’on peut dire, pour une urgence, mais pour un problème plus banal qui, normalement, devait être soigné ailleurs, par exemple dans les centres publics de santé.

Pourquoi les urgences sont-elles détournées de leur rôle normal ? Principalement parce que les patients ne peuvent pas ou ne pensent pas pouvoir aller ailleurs. Avec le Covid, les centres de santé public ont été saturés, les horaires parfois restreints, les consultations téléphoniques encouragées et les listes d’attente gonflées. Le personnel en congé n’est par ailleurs pas toujours remplacé. À cela s’ajoute une épidémie de grippe tout à fait inhabituelle pour la saison. D’autres infections respiratoires sont aussi en hausse, cela coïncide avec la levée de l’obligation de porter le masque en intérieur. Et on peut sans doute comprendre qu’on n’imagine pas de prendre un rendez-vous pour dans trois jour quand par exemple son enfant à une poussée de fièvre à 40. 

Les soignants grecs dénoncent un système à deux vitesses

Dix ans de crise économique sans précédent ont mis à genoux le système de santé grec, les trois ans de crise du Covid qui ont suivi l’ont totalement essoré, quelle est la situation au quotidien. Le pays souffre d’un manque cruel de lits en unités de soins intensifs : à peine 1 000 dans tous le pays. Faute de personnel suffisant pour cause de départ à la retraite non remplacés et en raison d’un exode vers l’étranger de médecins qualifiés, un hôpital flambant neuf à Thessalonique avec une capacite de 100 lits reste fermé.  À l’hôpital de Rhodes, seuls 247 postes sur 494 sont pourvus. Les opérations sont reportées de plusieurs mois, les patients dirigés vers le secteurs privé, payant. Le secteur psychiatrique est délaissé. Les médecins tirent la sonnette d’alarme car la nouvelle reforme en cours risque d’aggraver la situation.

Les médecins manifestent toutes les semaines et réclament des embauches sans, succès. Ils redoutent l’impact d’une nouvelle réforme qui va modifier le système de santé en modifiant la procédure de prise en charge des malades. Les services d’urgence devant pallier les insuffisances de la médecine de proximité. Les soignants accusent le gouvernement espagnol de privilégier le secteur privé au détriment du public, de moins en moins fonctionnel mais de plus en plus sollicités. Surtout, en pleine saison touristique, l’éxécutif est accusé de privilégier les régions prisés par les touristes au détriment du reste du pays. Ils redoutent que ces orientations n’entérinent l’existence d’un système médical à deux vitesses.

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