Covid-19 : Jean Castex prépare les esprits à d’éventuels reconfinements – Libération

Comme un air de trop-vu débilitant. Signant le grand retour des cartes et des départements «en surveillance renforcée», le Premier ministre s’est présenté ce jeudi en conférence de presse pour avertir d’une situation épidémique qui «s’emballe» et d’un virus «qui gagne de nouveau du terrain». La faute aux variants – principalement le britannique qui concerne désormais presque 50 % des cas d’infections – qui «induisent une hausse assez sensible de contaminations quotidiennes, a insisté son ministre de la Santé, Olivier Véran. Hélas en une semaine, nous avons effacé les deux semaines de baisse qui avaient précédé». Même s’il est toujours hors de question d’envisager pour l’exécutif un reconfinement national à ce stade. «Il faut le faire à bon escient, au bon moment et dans la bonne mesure. Il faut tout faire pour le retarder», a assumé Jean Castex.

A lire aussi

Pour l’heure, le gouvernement entend frapper localement. Mayotte voit son confinement (commencé le 5 février) prolongé au moins deux semaines de plus. Les alentours de Nice (Alpes-Maritimes) et de Dunkerque (Nord), communes aux taux d’incidence records attisés par la présence du variant britannique, ont déjà été avertis de la mise en application, dès samedi, d’un confinement local et limité au week-end. Mais vingt autres départements pourraient aussi être rapidement concernés par ces nouvelles restrictions. «J’ai demandé aux préfets d’engager des concertations avec les élus et d’envisager des mesures de freinage […] qui, si et seulement si la situation continue à se dégrader, entreront en vigueur à compter du 6 mars», a annoncé le Premier ministre. Du coté de la mairie de Paris on demandait dès hier soir, des restrictions immédiates et d’une toute autre ampleur. «Le confinement, il le faut maintenant» a ainsi martelé sur BFM Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d’Anne Hidalgo qui a fait la tournée des plateaux télé. Plutôt qu’un confinement le week-end, une mesure «très contraignante sur le plan de l’impact sociétal et assez peu efficace sur le plan sanitaire», a-t-il dit sur France Info, le premier adjoint préfère un confinement «tout court» à Paris de façon à «vraiment redonner de l’oxygène et avoir la perspective dans trois semaines de tout rouvrir», y compris bars, restaurants et lieux culturels, tout en conservant des mesures de protection sanitaire. Objectif: dézinguer la stratégie de l’exécutif en la présentant comme petit bras, dilatoire et inefficace.

Sombre tableau

La plupart des départements dans le viseur se concentrent en Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et dans les Hauts-de-France. La Moselle, la Meurthe-et-Moselle, la Drome, le Rhône et l’Eure-et-Loir sont également sous haute surveillance. «Tous ces territoires cumulent des indicateurs favorables», a-t-il justifié, arguant d’un «niveau d’incidence élevé» (autour de 250 cas pour 100000 habitants), d’une «part de variant supérieur à 50 %», d’une «pression hospitalière proche du seuil critique» et d’une «circulation virale qui commence à s’accélérer sérieusement».

Dans ce sombre tableau, le gouvernement a tout de même voulu apporter une petite lueur d’espoir. D’abord en évoquant la campagne vaccinale, qui devrait s’accélérer. Alors qu’un quart des plus de 75 ans ont pour le moment déjà reçu leur première injection, ce taux pourrait atteindre les deux tiers d’ici à la fin du mois de mars, a assuré Jean Castex. Et alors que la campagne de vaccination pour les Français de 50 à 64 ans avec comorbidités vient de débuter ce jeudi, les 65-75 ans accéderont à la vaccination «quoi qu’il arrive d’ici le mois d’avril» a avancé Olivier Véran. Au total, à ce jour, près de 2,6 millions de personnes ont reçu au moins une dose, et 1,3 million a reçu les deux.

Présent lors de cette conférence de presse, Alain Fischer, président du Conseil d’orientation sur la stratégie vaccinale, s’est ensuite présenté sur l’estrade en porteur de bonnes nouvelles. Selon une toute récente étude publiée dans le New England Journal of Medicine, les premières remontées de terrain en Israël confirment une efficacité du vaccin Pfizer «largement aussi bonne que les données publiées lors de l’étude des phases 3, a exposé l’immunologue. Les personnes âgées de plus de 65 ans bénéficient également de cette protection. Très vite, on devrait pouvoir voir cela se traduire de la même façon en France», s’est-il enthousiasmé.

«Nouveaux espoirs»

Une prépublication écossaise, également épluchée par le scientifique, montrerait par ailleurs que le vaccin AstraZeneca «assure un taux de protection égal à celui assuré par le vaccin Pfizer» et affiche une «efficacité chez les personnes âgées de plus de 65 ans» (les éléments étaient insuffisants pour cette tranche d’âge dans les essais cliniques de phase 3).

Outre la vaccination, la France va pouvoir s’appuyer sur de «nouveaux espoirs» dans le champ des traitements anti-Covid. Olivier Véran a évoqué la «piste prometteuse» du traitement par interférons (faisant aujourd’hui l’objet d’une recherche clinique en France) et du traitement par anticorps monoclonaux, qui devrait très prochainement être lancé dans un cadre hospitalier «pour les plus de 80 ans qui ont des troubles de l’immunité». L’Agence nationale de sécurité du médicament ayant délivré une autorisation temporaire d’utilisation, a annoncé le ministre de la Santé.

Source

Share your thoughts